WIFI
1. Une connexion rapide, mais une infrastructure massive
Lorsque j’envoie un e-mail, mon ordinateur se connecte à ma box Internet, qui le transmet à mon fournisseur d’accès à Internet (FAI) via un réseau de câbles en fibre optique, de relais 4G/5G et de centres de traitement des données.
Mais ce que je ne vois pas, c’est que derrière ma connexion Wi-Fi se cache un vaste réseau mondial :
1,4 million de kilomètres de câbles sous-marins assurent la connexion entre les continents (Submarine Cable Map, 2023).
Des millions d’antennes relais et satellites transmettent les signaux pour garantir un accès fluide à Internet.
Les équipements réseaux (routeurs, modems, antennes, serveurs de transit) tournent en continu pour assurer la transmission de milliards de requêtes chaque seconde.
En apparence immatériel, Internet est en réalité un immense réseau physique, interconnecté et énergivore.
2. Une consommation énergétique colossale
Si la connexion Wi-Fi semble instantanée et sans effort, elle repose sur des équipements qui consomment de l’énergie 24h/24.
Quelques chiffres impressionnants :
Les réseaux télécoms et Wi-Fi représentent 1,5 % de la consommation électrique mondiale, soit l’équivalent de la consommation annuelle de l’Allemagne (The Shift Project, 2022).
Les box Internet, routeurs et répéteurs consomment environ 2 à 3 % de l’électricité domestique en moyenne, même en veille (Ademe, 2022).
Un routeur Wi-Fi classique consomme entre 8 et 10 kWh par an, ce qui représente l’équivalent de la consommation annuelle d’un petit réfrigérateur.
Nous avons pris l’habitude de laisser nos box et routeurs allumés en permanence, même lorsque nous ne sommes pas chez nous. Résultat : des milliards d’appareils connectés fonctionnent sans interruption, entraînant une surconsommation énergétique évitable.
3. L’impact environnemental des infrastructures télécoms
Derrière chaque connexion Wi-Fi, il y a un réseau d’infrastructures massives : antennes relais, câbles sous-marins, satellites… et leur empreinte carbone est bien réelle.
Les antennes relais : un réseau énergivore en expansion
Avec l’essor de la 4G et de la 5G, le nombre d’antennes relais explose :
La France compte plus de 70 000 antennes relais pour la 4G et la 5G (ANFR, 2023).
Ces infrastructures doivent être alimentées en électricité en continu pour assurer la couverture réseau.
En 2021, l’Agence de la transition écologique (Ademe) estimait que les réseaux mobiles consommaient 10 TWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 2 millions de foyers français.
→ Exemple chiffré : La production de 1 kg de terres rares rejette 200 kg de CO₂ et 12 000 litres d’eau polluée.
Le cas de la 5G : promesse technologique ou gouffre énergétique ?
L’arrivée de la 5G promet des connexions plus rapides et plus efficaces, mais elle s’accompagne d’un coût écologique préoccupant :
La 5G nécessite trois fois plus d’antennes relais que la 4G pour couvrir un territoire équivalent.
Elle augmente la consommation électrique des réseaux mobiles de 40 à 60 % (GreenIT.fr, 2022).
Son déploiement oblige à remplacer et multiplier les équipements, générant des milliers de tonnes de déchets électroniques.
L’ironie ? Plus les connexions sont rapides et accessibles, plus nous augmentons notre consommation de données (streaming, cloud, visioconférences), ce qui renforce encore la pression sur les infrastructures numériques.
4. Les câbles sous-marins, un réseau invisible mais vital
Chaque e-mail, vidéo YouTube ou appel WhatsApp transite par un réseau mondial de câbles sous-marins, qui relient les continents entre eux.
Quelques faits marquants :
Il existe aujourd’hui plus de 400 câbles sous-marins, totalisant 1,4 million de kilomètres (soit 35 fois le tour de la Terre !) (Submarine Cable Map, 2023).
Ces câbles sont posés au fond des océans, à des profondeurs pouvant atteindre 8 000 mètres.
Ils sont indispensables : 99 % des communications intercontinentales passent par eux, contre seulement 1 % par satellite.
Un impact écologique sous-estimé
Une fois assemblés, les appareils sont transportés d’Asie vers le reste du monde, principalement par :
La fabrication et la pose des câbles nécessitent des tonnes de cuivre, d’acier et de plastique, dont l’extraction est très polluante.
Leur installation perturbe les fonds marins et la biodiversité, notamment en endommageant les coraux et les habitats marins.
Leur durée de vie est de 25 ans en moyenne, après quoi ils doivent être remplacés, générant des milliers de tonnes de déchets.
💡 Un exemple : le projet Dunant de Google
En 2021, Google a inauguré Dunant, un câble sous-marin reliant la France aux États-Unis, capable de transmettre 250 téraoctets de données par seconde. Ce projet a nécessité des milliards d’investissements, mais soulève des questions sur l’exploitation des ressources marines et la durabilité de ces infrastructures.
5. Vers une connexion plus sobre ?
Face à ces enjeux, des solutions existent pour réduire l’impact environnemental des connexions Wi-Fi et mobiles.
Optimiser notre usage des équipements
Éteindre sa box Wi-Fi la nuit permet de réduire sa consommation de 30 à 50 kWh par an, soit environ 10 € d’économies.
Privilégier le Wi-Fi au réseau mobile : une connexion via box consomme 4 à 10 fois moins d’énergie qu’un réseau 4G/5G.
Limiter le nombre d’appareils connectés simultanément : chaque appareil synchronisé consomme des ressources en continu.
Développer des infrastructures plus vertes
- Encourager les opérateurs à alimenter leurs antennes avec des énergies renouvelables.
- Réduire la construction de nouvelles infrastructures en optimisant l’existant.
- Favoriser les câbles terrestres plutôt que sous-marins lorsque c’est possible.
6. Conclusion : un simple clic, une empreinte invisible
Il est 9h02. Mon e-mail a déjà parcouru plusieurs kilomètres, passant par ma box, les antennes relais et peut-être un câble sous-marin. Un voyage invisible, mais qui repose sur une gigantesque infrastructure énergétique.
Et si la vraie question n’était pas comment améliorer les réseaux, mais plutôt comment réduire notre dépendance à une connexion permanente ?
👉 Avons-nous réellement besoin d’être connectés 24h/24 ?