Le cas Google
Focus sur Google : Entre communication verte et controverses écologiques
Google est l’un des acteurs majeurs du numérique et notamment des messageries. Il est donc un acteur clé dans la controverse sur l’empreinte environnementale du secteur. L’entreprise met en avant une image de leader en matière de développement durable, en insistant sur ses efforts pour alimenter ses infrastructures avec des énergies renouvelables, optimiser ses data centers et réduire son empreinte carbone. Pourtant, derrière ce discours se cachent des controverses majeures, notamment sur la consommation en eau de ses infrastructures. L’un des exemples les plus récents et frappants est le projet de construction d’un data center en Uruguay, qui a suscité une forte opposition locale
Le projet controversé d’un data center en Uruguay
En 2023, Google a annoncé la construction d’un gigantesque data center à Canelones, en Uruguay, un pays où l’entreprise est déjà implantée depuis 2020. Ce projet devait répondre à la croissance exponentielle des services de Google, notamment le stockage des e-mails Gmail, les recherches Google et les vidéos YouTube.
Problème : l’Uruguay est frappé par une sécheresse historique. Entre 2022 et 2023, le pays a connu sa pire pénurie d’eau potable depuis 74 ans, forçant le gouvernement à puiser dans des réserves d’eau saumâtre pour alimenter la population.
Un data center = un gouffre en eau et en électricité
- Un seul data center peut consommer jusqu’à
5 millions de litres d’eau par jour pour refroidir ses serveurs. - En 2021, Google a utilisé 15,7 milliards de litres d’eau pour ses infrastructures, soit l’équivalent de
6 000 piscines olympiques. - En comparaison, l’Uruguay a dû rationner son eau, et les habitants ont été contraints de boire une eau plus salée et polluée.
Opposition locale et mobilisation citoyenne
- Des ONG et des habitants ont dénoncé une priorité donnée aux intérêts d’une multinationale au détriment des besoins en eau de la population.
- Face à la pression, le gouvernement uruguayen a tenté de justifier le projet en mettant en avant les investissements économiques et les emplois créés.
- Google, de son côté, a minimisé l’impact du projet en expliquant que ses data centers étaient parmi les plus efficaces du monde et que l’entreprise investissait dans des technologies de refroidissement innovantes.
Un discours écologique contrasté : entre promesses et réalité
« Google se positionne comme une entreprise engagée dans la transition écologique, notamment grâce à son engagement à :
✅ Utiliser 100 % d’énergies renouvelables depuis 2017.
✅ Réduire la consommation d’eau et d’énergie grâce à l’intelligence artificielle.
✅ Investir dans des data centers plus efficaces avec un PUE (Power Usage Effectiveness) optimisé.
Cependant, ces engagements sont régulièrement contestés car :
❌ Les data centers restent des infrastructures énergivores, et les besoins en stockage explosent avec l’essor de l’IA et du cloud.
❌ Le recours aux énergies renouvelables ne garantit pas une neutralité carbone, car Google achète des crédits carbone pour compenser ses émissions, plutôt que de réellement les réduire.
❌ L’eau reste un enjeu majeur, et l’affaire de l’Uruguay montre qu’une entreprise qui se dit « verte » comme Google peut être en conflit avec des problématiques environnementales locales.
milliards de litres
En 2023, Google a consommé 23 milliards de litres d’eau pour refroidir ses data centers. Ce chiffre illustre l’impact environnemental majeur des infrastructures numériques.
terrains de golf
23 milliards de litres, cela équivaut à l’irrigation annuelle d’environ 41 terrains de golf dans le sud-ouest des États-Unis.
Google : Un modèle de « greenwashing » ?
Le cas de Google illustre bien les tensions entre le discours vert des géants du numérique et la réalité de leur empreinte environnementale. Derrière une image de leader écologique, Google continue de développer des infrastructures massives, souvent au détriment des ressources locales. Le projet en Uruguay a mis en lumière l’un des grands paradoxes du numérique : peut-on vraiment rendre les technologies durables alors qu’elles nécessitent toujours plus d’énergie et d’eau ?
Ce cas s’intègre parfaitement dans la controverse globale de la transition écologique face au numérique, en soulevant une question clé : le développement du numérique peut-il réellement être compatible avec une gestion durable des ressources ?